ST PÖLTEN, Autriche (Reuters) - Josef Fritzl a été condamné à passer le restant de sa vie dans une institution psychiatrique pour avoir séquestré et violé sa fille pendant 24 ans dans une cave, lui faisant sept enfants et provoquant la mort de l'un d'eux.
"J'accepte le verdict", a déclaré cet Autrichien de 73 ans après avoir entendu la décision unanime des cinq femmes et trois hommes qui composaient le jury de la cour d'assises de Sankt-Pölten, à l'ouest de Vienne. Le parquet a approuvé le jugement, ce qui signifie qu'il ne fera pas l'objet d'appel.
Josef Fritzl retournera dans une cellule de la prison de Sankt-Pölten en attendant d'être transféré dans un établissement psychiatrique où il pourra suivre une thérapie. Son état mental pourra être réexaminé dans 15 ans et en théorie, s'il est jugé guéri, il pourra être libéré.
Mais Fritzl, comme son avocat, a déclaré s'attendre à passer le restant de sa vie interné.
L'ingénieur à la retraite avait plaidé coupable d'inceste, de viol, d'esclavage, de coercition et d'homicide par négligence, dans la mort d'un nouveau-né dont avait accouché sa fille.
Initialement, il avait rejeté les accusations de meurtre et d'esclavage, mais était revenu sur ses affirmations mercredi après avoir visionné le long témoignage de sa fille Elisabeth, projeté la veille au tribunal de Sankt-Pölten.
"Je ne peux rien dire de plus", a déclaré Fritzl en clôture du procès de quatre jours. "Je regrette du fond de mon coeur."
66 HEURES
Josef Fritzl a été reconnu coupable de la mort du nouveau-né, chef d'inculpation le plus grave, parce qu'il ne lui avait pas prêté assistance pendant une période de 66 heures alors même qu'il savait qu'il risquait de mourir faute de soins. Le nourrisson était mort des suites de problèmes respiratoires, en partie étouffé par son cordon ombilical.
"Il n'a pas seulement vu mais entendu la lutte contre la mort de ce nouveau-né, pendant 66 heures", a souligné la procureur Christiane Burkheiser dans son réquisitoire.
En annonçant la sentence, le jury a retenu la peine maximale à l'encontre de Fritzl, lequel, au minimum, était passible de dix ans de réclusion.
Fritzl avait brûlé dans une chaudière le corps du petit garçon mort en 1996 peu après sa naissance. Selon les enquêteurs, Fritzl, qui gardait prisonnière sa fille dans le sous-sol, insonorisé et sans fenêtre, de sa propre maison, avait également menacé de tuer ses prisonniers en les gazant.
Dans son témoignage, qui dure pas moins de onze heures, Elisabeth raconte en détail ce qui a été son sort pendant près d'un quart de siècle, ainsi que celui de ses enfants.
Elle s'est présentée au tribunal jeudi et Fritzl aurait été "accablé" de l'apercevoir dans le hall via un écran vidéo, a déclaré son avocat, Rudolf Mayer.
Les six enfants d'Elisabeth encore en vie, âgés de six à vingt ans, demeurent aujourd'hui sous de fausses identités dans un endroit tenu secret, de même que leur mère.
Trois des enfants ont été élevés à l'étage par Fritzl et son épouse Rosemarie. Il déclarait au voisinage qu'Elisabeth les avait abandonnés après avoir rejoint une secte.
Me Mayer avait dit n'avoir plus rien à faire dans le procès après le revirement surprise de son client mercredi.
Avant le procès, les experts avaient conclu que l'état mental de Josef Fritzl, en détention provisoire depuis avril 2008 à Sankt-Pölten en Basse-Autriche, lui permettait de répondre devant la justice des accusations portées contre lui.
"Il y avait un besoin essentiel de pouvoir. C'était une question de domination, de pouvoir, de contrôle", a déclaré un expert psychiatre à la barre.
L'affaire a été révélée en avril 2008, lorsque Josef Fritzl avait conduit la plus jeune enfant de sa fille à l'hôpital parce qu'elle était tombée gravement malade.
Version française Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse